Ceux et celles qui restent
Située au cœur de l’archipel des Comores, Mayotte est le plus jeune département français. Son rattachement à la France, bien que contesté par les Nations Unies comme l’Union Africaine, lui confère une position particulièrement attractive et, chaque jour, de nombreux·euses exilé·es y accostent dans des embarcations de fortune appelées « kwassa-kwassa ». Très vite après mon arrivée sur l’île, j’ai fait la rencontre de Comorien·nes, Burundais·es, Rwandais·es, Congolais·es et Syrien·nes. Malgré la diversité de leur parcours migratoire et des raisons pour lesquelles ils·elles étaient venu·es à Mayotte, tous·tes avaient un point commun : la traversée de l’océan. J’ai proposé à Didier, Muhanned, Apolline, Tissaou, Mama Getrid, Abdoul, Francine, Déborah, Vianney et Alain d’y retourner, ensemble. Pour certain·es, nous y sommes resté·es très longtemps. Pour d’autres, cela n’a pris que quelques minutes. Pour d’autres encore, nous n’avons pas pu y entrer et nous sommes resté·es sur le rivage. Mais invariablement, le temps d’un court instant, leur regard s’est échappé, leur corps s’est figé. C’est cet instant de flottement que j’ai fait voulu photographier. Ce bref éclair où ce qui se joue n’appartient plus à personne d’autre qu’à ceux et celles qui restent et qui ont décidé de s’accrocher parce qu’eux·elles, l’océan ne les a pas avalé·es.














